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Alsace - Lorraine.

Le canal des houillères de la Sarre.

Nous avons déjà pas mal bourlingué sur les canaux de France aussi, cette année, nous étions tentés par une escapade vers l'Est. L'Allemagne, pourquoi pas ? Locaboat propose de belles croisières dans la région de Berlin où lacs et cours d'eau s'enchaînent et permettent de découvrir des châteaux romantiques.

Cependant nous sommes 7 à partir incluant une dame de 92 ans, ce n'est pas une organisation simple. Alors ce sera l'Alsace. En fait d'Alsace, les canaux sont plutôt en Lorraine et, je n'ai rien contre la Lorraine mais pour les paysages, l'Alsace c'est quand même mieux !

Ainsi c'est chez Le Boat que nous trouvons l'offre qui nous convient le mieux, un aller simple de Sarrebrucken en Allemagne jusqu'à Hesse en France. Cela nous permettra de voir deux canaux, celui des houillères et celui de la Marne au Rhin, du moins pour la partie la plus remarquable.

Tant qu'à aller dans l'Est, nous prenons une journée avant d'embarquer afin de visiter Strasbourg que nous ne connaissons pas bien. Bonne idée mais la route est longue aussi nous faisons une halte dans un très bon restaurant à Saverne, "le caveau de l'escale" situé au bout du port de plaisance.


Après cette pause très agréable nous faisons route sur Strasbourg où nous avons réservé dans un hôtel situé en plein cœur du quartier piéton. L'après midi se partage entre une balade sur l'eau puis dans le quartier de la cathédrale qui est résumée ICI.

Le soir nous avons droit à un repas très médiocre dans un restaurant que je ne citerai pas. Puis nous retournons dans les petites rues qui sont devenues incroyablement calmes, normal c'est une soirée électorale, premier tour des législatives !

Le lendemain il nous faut rejoindre la base de Le Boat en Allemagne, il n'y a pas trop de route et nous pouvons faire une pause déjeuner à Sarreguemines, c'est lundi, impossible de visiter le musée de la faïence. Tout cela nous fait arriver vers 15 heures en Allemagne où le NAUTILIA 30 nous attend. Beau bateau de 13 mètres avec 4 cabines doubles, deux cabinets de toilette et WC avec douche séparée.

En fait de base, c'est une simple représentation de la Compagnie, tenue par un homme charmant mais pas très bien équipé, nous devons négocier des draps non déchirés et quelques serviettes de douche en échange des petites qui se trouvaient à bord. Le bateau, lui, est propre mais un peu usagé, il a 20 ans mais se tient bien quand même.

Ci dessus la base Le Boat à Sarrebrücken.

C'est une tradition, nous n'aimons pas rester à la base le jour de l'installation, nous quittons vers 19 heures, heureusement les écluses en Allemagne ouvrent jusqu'à 20 heures, en France ce sera 18h30 ! Nous passons donc la première écluse du parcours qui est la dernière avant la France. L'éclusier nous remet, contre une signature, le boîtier électronique qui nous permettra de télécommander les écluses de tout le parcours sur ce canal.

Nous sommes sur la Sarre canalisée. Ici et jusqu'à Sarreguemines, soit pendant 11 kilomètres, la frontière est au milieu du cours d'eau, l'Allemagne rive droite et la France rive gauche. Ce n'est pas le tout mais le jour baisse et il faut trouver un endroit pour dormir au calme. Difficile, le coin n'est pas très bucolique nous sommes obligés de stationner, en France (rive gauche) mais en face d'une route sur berge allemande qui est assez empruntée. Tant pis, nous comptons sur la fatigue pour dormir. Demain la croisière commence vraiment ...

Mardi 12 le réveil est humide, ce foutu été ne se décide pas à venir. Jean Pierre dort-il encore le long de la cloison ? Non, nous sommes en plein EURO 2012 de foot il écoute les résultats de la veille l'oreille collée au haut-parleur pour ne pas réveiller tout le bord ! Nous partons doucement, il pleut, la conduite sera à l'intérieur pour deux bonnes heures.

En fin de matinée nous sommes déjà revenus sur Sarreguemines où nous nous arrêtons pour prendre du pain, les Gitanes de la doyenne et le journal pour avoir les résultats du premier tour. Le ponton de ce très privé club nautique nous accueille pour quelques minutes mais nous allons manger plus loin car cet endroit est réellement privé et nous ne pouvons rester sans risquer une remarque désagréable.

Nous faisons la pause déjeuner juste avant l'écluse 27, pas question de manger à l'extérieur, nous prendrons juste le café sur le pont.

Ici les maisons éclusières ne sont pas très coquettes, encore que celle ci est habitée, beaucoup d'autres sont abandonnées et menacent ruine. De même les écluses ne sont pas décorées comme sur d'autres canaux où c'est un véritable concours de beauté.

Toujours pas très belle, l'écluse 26 va ouvrir ses portes sur une authentique friche industrielle. Vestiges du temps où le canal attirait de l'activité en quantité, de grands bâtiments dégradés où traînent encre quelques perceuses abandonnées.

Voyez plutôt.

Alors, ces fameuses écluses télécommandées, comment ça se passe ?

Et bien vous avez une borne sur la berge un peu avant l'écluse, lorsque vous actionnez la télécommande, un feu orange se met à clignoter. Le feu est rouge et devient rouge et vert ( préparez-vous) lorsque les sas se prépare. Il faut traîner un peu dans le chenal en attendant que les portes s'ouvrent, le feu devient alors vert à moins qu'il ne passe à deux feux rouges en cas de problème comme cela nous arrivera plus tard.

Au feu vert vous pouvez entrer dans le sas, là vous trouvez deux tringles qui vont de bas en haut des bajoyers, la bleue pour sasser, la rouge pour l'alarme. Vous actionnez la bleue et le sas s'inverse, se remplit puisque nous sommes montants. Il ne reste plus qu'à attendre l'ouverture des portes puis sortir. Ca marche (presque) très bien et c'est assez pratique, par contre, plus d'échange et de discussion avec les éclusiers. Le progrès tue la conversation ...

Nous quittons les espaces industriels pour entrer un peu dans la verdure. La rivière Sarre est à certains moments plus de 5v mètres en dessous du canal, nous suivons son cours sur environ 20 kilomètres, jusqu'à Sarralbe.

Nous retrouvons les sensations habituelles sur les canaux, calme, verdure et hérons qui nous accompagnent par bonds successifs.

Il y a franchement des maisons éclusières d'un goût douteux comme ci dessus mais au moins elles sont entretenues et la volonté d'être originale est évidente. A l'approche de Sarralbe, le ciel prend des couleurs inquiétantes qui nous offrent un éclairage remarquable.

Puis nous arrivons au pont canal de l'Albe. Ce dernier ne fait que 47,6 mètres mais est d'une technique en "U" d'acier qui préfigure la structure du fameux pont canal de Briare. L'ouvrage date de 1867 et a été assemblé dans le champ voisin puis tiré par 50 hommes qui le faisaient rouler sur des galets. Les ingénieurs ont été si fiers de cette technique qu'il a été présenté à l'exposition universelle de la même année, sans doute sous forme d'une maquette.

Un peu avant 19 heures nous trouvons une berge bien verdoyante près du lieu dit "le Haras" pour passer la nuit au calme. Cependant nous entendons parfois des bruits étranges. Nous ne sommes pas aussi isolés que nous le croyons comme le montre la vue satellite de Google !!!


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Mercredi 13 nous espérons atteindre le bief de partage, cela représente 18 écluses à franchir dans la journée et 36 kilomètres. C'est ambitieux mais jouable. Plus nous montons, plus nous retrouvons des paysages verts et sauvages, c'est assez habituel mais ici c'est frappant comme nous passons des usines en ruines à la campagne verdoyante. Nous sommes en Alsace mais réellement à la frontière avec la Lorraine.

Ici, aux maisons éclusières s'ajoutent des petits abris techniques d'un modèle uniforme et d'un design moderne. On aime ou on n'aime pas ...

Nous avançons bien mais sommes obligés de nous arrêter vers PK21 afin de faire monter à bord l'ouvrier de maintenance qui vient nous réparer le chauffage (mardi matin les filles ont eu trop froid et le chauffage était planté). Et voila une bonne demi-heuree de perdue, après manger nous devons encore nous arrêter à Mittersheim, bourg sans intérêt, pour faire du pain et de l'eau. Et oui en bateau il faut penser à faire de l'eau tous les deux jours au plus tard sinon plus de douches !

Ici on ne dit plus écluser mais "bassiner" comme vider ou remplir le bassin ! Voici l'écluse n°10 dont la maison a du être très belle mais est maintenant dans un état pitoyable. Encore 10 écluses. Je prends le vélo et la télécommande, je vais devant par le chemin de halage pour préparer le sas des écluses, cela peut gagner un peu de temps. Voue n'êtes pas pressés me direz vous, ben ... oui ... mais nous avons quand même un planning si nous voulons voir tout ce que nous avons prévu.

Nous progressons doucement mais sûrement pour arriver jusqu'à l'écluse n°5 de laquelle je vois sortir un bateau mais le feu ne passe pas au vert. Après quelques secondes où le sas reste vide, les deux feux rouges s'allument ce qui signifie que ce n'est pas la peine d'attendre.

En fait je pense que c'est sans doute une panne et après avoir inspecté le sas nous nous décidons à entrer et envoyer l'alarme. Le dépannage prendra encore une bonne demi-heure.

Vous remarquerez que la plupart des écluses sont associées à un pont ou une passerelle mais, perdues dans la campagne, plus de route ni de chemin, pas besoin de pont. Alors, pour faire passer l'électricité d'une rive sur l'autre, il a fallu construire cette vilaine goulotte en métal gris que l'on voit sur la porte aval (photo ci dessus à gauche) et qui remplace les fils aériens qui demandaient trop d'entretien.

Avec tout ce temps perdu, nos chances de passer l'écluse n°1 avant 18h30 s'amenuisent, nous enchaînons les écluses, 4, 3 puis 2 mais devons nous résoudre à stationner avant l'écluse n°1. Nous choisissons de nous arrêter au niveau du pont canal du stock qui passe sur l'étang du même nom. Cet endroit est très curieux, le canal semble suspendu au-dessus des étangs qui sont de part et d'autre. Je ne suis pas sûr que ce soit véritablement un pont, on dirait plutôt une digue, peut être que les étangs correspondent par un gros tuyau en dessous du canal.


Quatre ...

trois ...

deux ...

Churchill disait que "l'optimiste voit une chance derrière chaque calamité", et bien nous avons fort bien fait de rester dormir ici car le réveil sera Magique jeudi matin !





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Cette fois la nuit fut réellement calme et le sommeil profond car la journée précédente a été rude. Le réveil de ce jeudi 14 est un véritable enchantement, ce n'est pas tous les jours que nous bénéficions d'un pareil spectacle au petit matin.








Nous restons figés dans une sorte de béatitude silencieuse. Ce spectacle à lui seul valait le voyage. Alors nous allons en vélo jusqu'à l'écluse n°1 afin de bien profiter de cette vue unique.

Le soleil monte, les brumes se dispersent, le canal reprend son aspect habituel, c'est l'heure de mettre en route. Avant d'atteindre l'écluse n°1 nous voyons quelques maisons nichées rive gauche entre le canal et l'étang, situation privilégiée mais sans doute très très humide !!!




C'est à l'écluse n°1, que nous passons juste à 9 heures, que se trouve le centre de surveillance du canal (ci dessus). Toutes les écluses y sont ici visualisées sur écran et sont en liaison téléphonique en cas de besoin. Certaines fonctions de l'écluse peuvent même être télécommandées.

Voici une belle journée qui se prépare, le soleil s'établit franchement et ne va pas nous quitter jusqu'au soir.



Enfin nous arrivons à l'embranchement avec le canal de la Marne au Rhin, ici commence le canal des houillères de la Sarre que nous venons de parcourir(PK0), à gauche Strasbourg, à droite Nancy.

Nous sommes sur un très grand bief de partage, il fait 5 kilomètre sur ce canal et 33 kilomètres sur le canal de la Marne au Rhin !

Cet endroit est entièrement entouré d'étangs qui doivent servir de réserve d'eau pour les canaux, malheureusement, les digues nous bouchent la vue et même sur le toit du bateau nous ne voyons quasiment rien.


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Voila, cette partie sur le canal des houillères de la Sarre se termine. Nous poursuivons notre croisière sur le canal de la Marne au Rhin, ICI.

En deux jours et deux heures, nous avons parcouru 79 kilomètres, passé 27 écluses pour un dénivelé de 81 mètres. Notre temps de navigation est de 17h35. On peut lire que le temps minimum pour ce trajet est de deux jours, attention c'est un peu juste, il faudrait n'avoir aucun imprévu.

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PhB 2012 07 10